A.
Création de la personnalité de la Bête
Dans
le conte de Le prince de Beaumont, la Bête est considérée comme
bienveillante : « il n'y a ici de maîtresse que vous.
Vous n'avez qu'à me dire de m'en aller, si je vous ennuie ; je
sortirai tout de suite » (16). Dans le film de Disney, adapté
à ce conte, la Bête semble être constamment en colère et triste.
Ils lui ont donné un caractère plus primitif afin de montrer le
côté animal sauvage de ce personnage. Ils ont tout de même dû lui
donner un aspect plus humain pour qu'il soit imaginable que le
personnage de Belle en tombe amoureuse.
D'après
Glen Keane, c'est la personnalité de la Bête qui est le plus
important et non son physique. Il doit être trois bêtes à la
fois ; « un animal féroce qui court à quatre pattes et
se bat contre les loups, un personnage comique qui essaie
maladroitement de dominer son mauvais caractère (j'ai pensé à
Jackie Gleason) et finalement un bête sensible, capable de
sentiments profonds, une sorte d'Elephant Man qu'il fallait dépeindre
avec délicatesse » (17).
B.
La méchanceté de la Bête à travers ses actions
Aux yeux des spectateurs, ce
personnage est tout d'abord perçu comme étant un méchant à cause
de ses actions. Dès le début de l'histoire, il est présenté comme
un prince égoïste, capricieux et insensible. Il a ensuite un
comportement souvent mauvais dans la première moitié du film. Pour
commencer, il se montre féroce face au père de Belle, Maurice, qui
s'est introduit dans son château alors qu'il était perdu dans la
forêt. Il décide de le séquestrer dans son cachot. Puis lorsque
Belle supplie la Bête de laisser son père partir, il refuse jusqu'à
ce qu'elle décide de prendre sa place comme prisonnière. Aussi,
nous pouvons voir qu'il traite ses serviteurs, transformés en objets
animés, avec peu de respect et que ceux-ci le craignent. La Bête
fait preuve d'un comportement odieux, notamment parce qu'il n'arrive
pas à se maîtriser et qu'il a de subites colères lorsqu'un sujet
le fâche. Cette image montre les dégâts qu'a fait la Bête dans
une partie de son château lorsqu'il a été transformé en monstre.
(18)
Aussi, quand Belle franchit cette
partie qui est l'aide ouest du château où il lui a été défendu
d'entrer, la Bête ne peut pas s'empêcher de tout détruire, allant
même jusqu'à la menacer.
Un héros a un comportement opposé
à celui de la Bête ; il est agréable, serviable et
irréprochable. Ce personnage ressemble davantage aux méchants des
autres Walt Disney. Il ressemble aux personnages destructeurs tels
que Maléfique dans « La Belle au bois dormant »
puisqu'elle n'a aucune raison de s'en prendre particulièrement à
Aurore, ou le personnage de Frollo dans « Le Bossu de
Notre-Dame » qui n'a aucune raison d'être méchant, si ce
n'est le plaisir de détruire un peuple. La Bête n'a elle non plus
aucune raison d'être mauvaise, étant un prince, et sa seule raison
de l'être lorsqu'elle se transforme en monstre, est de vouloir se
venger de sa misérable vie. Ce type de méchants véhiculent le
message selon lequel la méchanceté est purement gratuite.
C.
Le véritable méchant de l'histoire : Gaston
Gaston apparaît dans le film en
tuant un oiseau avec son acolyte, nommé Le Fou. Cette action le
définit dès le début. Il est en effet le vrai méchant de cette
histoire. Ce personnage a été rajouté par rapport au conte de Le
prince de Beaumont. Walt Disney le qualifie d'« un méchant
d'un nouveau genre » (19). Il a été un véritable challenge
pour les producteurs. Au début, il a été traité comme un
personnage comique mais ils ont décidé de le prendre plus au
sérieux afin de renforcer la crédibilité de sa menace.
Graphiquement, sa création, faite par Andreas Deja, a été plus
compliqué que pour les méchants habituels de Disney. Il fallait
quelqu'un de beau et de respectable et en même temps de mauvais et
de haïssable. Le méchant de l'histoire a donc pour une fois un
physique avantageux, ce qui est rare dans les films de Walt Disney.
Gaston est amoureux de Belle dès
le début de l'histoire et veut l'épouser à tout prix. Il met en
avant le rôle de la sexualité dans les pulsions qui animent les
méchants. Il apparaît comme un beau garçon mais suffisant. Mais le
dessin de Gaston change au fil de l'histoire ; son visage se
creuse et sa mâchoire devient plus carrée. Il se virilise de plus
en plus à cause de son désir de posséder Belle. C'est donc la
pulsion sexuelle et l'amour-propre qui le transforment en véritable
méchant. Ce personnage fait parti du types des méchants cupides.
Ils ont un but, un objectif ; il les pousse à agir de façon
machiavélique car ils veulent arriver à leur fin. Ce n'est pas par
haine qu'ils sont méchants. Leur principale motivation est donc le
pouvoir et leurs préoccupations sont souvent vénales. Les films de
Walt Disney montre que la méchanceté ne conduit qu'à l'échec et
que l'attitude déloyale ne peut pas être adoptée.
Gaston est prêt à tout pour
épouser Belle. Il commence par la demander en mariage mais quand il
comprend qu'il n'arrivera pas à la faire changer d'avis, il décide
de l'y forcer. Il soudoie alors le directeur de l'asile grâce à de
l'argent et lui demande en échange de faire interner le père de
Belle, pensant qu'il pourra faire du chantage à Belle. Lorsque
Gaston semble voir que sa bien-aimée a des sentiments pour la Bête,
il s'empresse de terroriser le village afin que tout le monde aille
confronter cette bête. Il agit constamment en fonction de son propre
intérêt. Et pour que Belle et son père ne préviennent pas la Bête
de ce qui l'attend, il les enferme chez eux. Il crit « La Belle
est à moi ! » avant d'envahier le château de la Bête,
ce qui montre qu'il veut seulement la posséder. Il n'a aucun
scrupule à tirer une flèche dans le dos de son adversaire, qui n'a
pas l'intention de se battre. Son rire est diabolique quand il est
proche de son but. Un long affrontement a lieu et lorsque la Bête a
le dessus mais décide de le laisser partir, il le poignarde dans le
dos. Gaston n'a aucun remords dans chacune de ses mauvaises actions.
D.
L'importance des méchants dans les Walt Disney
Les méchants créent l'action ;
en effet, si le héros est mis en valeur, c'est essentiellement grâce
aux méchants qui lui tendent des pièges. Le méchant crée l'action
et le héros réagit. Un personnage principal acquiert son statut de
héros seulement lorsqu'il a traversé toutes les épreuves dont il
doit triompher.
Les méchants peuvent commettre
toutes sortes d'atrocités sans avoir le moindre remords. Ils peuvent
aller jusqu'à faire souffrir leur complice sans avoir aucun état
d'âme. C'est ce qui les caractérise.
Les enfants font facilement la
différence entre les gentils et les méchants dans les films de Walt
Disney. En effet, ils sont souvent très typés pour qu'il puisse les
reconnaître, que ce soit physiquement ou moralement. L'enfant arrive
donc facilement à savoir sans ambiguïté où sont le bien et le
mal. Ainsi, Walt Disney lui permet de s'identifier au bon, grâce à
l'image, à la musique et aux dialogues. Plus les pièges que le
méchant tend semble insurmontables, plus la leçon est claire pour
l'enfant ; seuls l'effort, l'intelligence et le courage
permettent de dominer les monstres obscurs.